Bien que le contexte soit très différent, les bouleversantes scènes de panique vues autour de l’aéroport de Kaboul depuis la prise de la ville par les Talibans le 15 août jusqu’à la fuite du dernier soldat américain le 30, ne manquent évidemment pas de rappeler celles de la chute de Saigon fin avril 1975. En fait, la victoire des barbus islamistes face à un régime afghan incapable et corrompu dont l’armée s’est rendue sans guère combattre, et leur arrivée par petits groupes disparates dans une capitale hébétée, est plutôt comparable à celles des Khmers Rouges à Phnom Penh à la même époque. En tous les cas, cette pitoyable et tragique débâcle sonne le glas de la stratégie chimérique des biens nommés « néo-cons(ervateurs) » qui entouraient Georges Bush, consistant à exporter la démocratie et à l’imposer au forceps à des régimes politiques autoritaires issus de sociétés féodales ou même tribales au nom de la lutte contre le terrorisme. On voit les résultats lamentables et les drames humanitaires atroces sur lesquels elle a débouché hier en Irak ou en Lybie, aujourd’hui en Afghanistan. Espérons que la dure leçon dont les hommes et surtout les femmes afghanes vont payer le prix énorme portera cette fois enfin ses fruits : la démocratie ne se décrète pas, elle se construit lentement à travers des combats difficiles et elle ne triomphe que si elle correspond au niveau de développement d’un pays, à la volonté de la majorité de sa population et à sa capacité à assurer le bien commun. JLM