Au vu des résultats des élections législatives françaises, on ressent des sentiments plutôt contradictoires. D’abord une franche inquiétude : sans majorité claire il va être difficile d’éviter un blocage des institutions. Mais aussi un lâche soulagement : les députés anti-systèmes et anti-européens restent minoritaires malgré une très forte progression des insoumis et de l’extrême-droite. Heureusement, il n’y aura donc pas d’aventure aux conséquences incontrôlables. Enfin, la satisfaction malgré tout de voir que le nouveau Parlement ressemble beaucoup plus à ce que pensent les Français.
Seul Michel Rocard avait en 1988 gouverné la France sans majorité. Selon les sujets, il a su chercher les 14 voix qui lui manquaient soit à sa gauche soit au centre. Grâce à son habileté et parfois à un passage en force, il a réussi à faire passer des réformes considérables que personne ne s’est jamais risqué à remettre en cause.
La France fait aujourd’hui face à quatre crises majeures. Une crise climatique : la planète brûle et il est urgent d’agir ; une crise sociale : bien que la France soit l’un des pays socialement les plus généreux, des secteurs entiers demandent à être réformés ; une crise démocratique car moins d’un électeur sur deux s’est rendu aux urnes ; une crise civique car la dégradation du « vivre ensemble » a pris des proportions qui deviennent très inquiétantes. Répondre à ces immenses défis demande avant tout de la lucidité et du bon sens. N’est-il pas temps que le monde politique français réalise que dans l’intérêt de tous il est nécessaire de changer de logiciel et d’apprendre à travailler ensemble ? JDR