Valeur travail et national-populisme

Janine Rodgers

La financiarisation croissante de l’économie tend à occulter l’économie réelle, c’est à dire les biens et services produits par des travailleurs et des travailleuses. Depuis les années 1980 les politiques néo-libérales ont fragilisé le monde du travail et exclu de nombreuses personnes de l’accès à un emploi décent. La part du revenu national provenant du travaila diminué dans la quasi-totalité des pays industrialisés et celle provenant du capital a augmenté. Ce recul de la part du travail est allé de pair avec une augmentation des inégalités et menace la cohésion sociale. L’effondrement de la part salariale des moins qualifiés a contribué à les pousser vers les sirènes nationales-populistes. 

Récemment deux députés français ont réveillé le débat sur la valeur travail. François Ruffin[1] soutient que c’est par la réhabilitation du travail – bien payé, reconnu et effectué dans des conditions décentes – qu’il sera possible de reconquérir les ouvriers et ouvrières séduits par le Rassemblement national. De son côté Fabien Roussel[2] a déclenché une polémique au sein des partis de gauche en déclarant “préférer le travail au chômage” et défendant la priorité du travail par rapport aux transferts sociaux. 

Est-ce que redonner du sens et de la dignité au travail, en l’émancipant de la puissance du marché, serait suffisant pour contrecarrer l’emprise du national-populisme?


[1] François Ruffin, « Je vous écris du front de la Somme », Les Liens Qui Libèrent, septembre 2022, 144 pages.

[2] Fabien Roussel : « J’assume défendre le parti du travail ». Le Monde, 13 septembre 2022.

One Reply to “Valeur travail et national-populisme”

  1. servet jean-michel dit : Répondre

    Ce qu’il y a me semble t il de frappant dans l’évolution de la doctrine économique (qui en fait n’existe pas) des partis dits populistes en Europe c’est l’incohérence totale d’où des évolutions à 90% sur la question de la financiarisation et la façon d’y faire face (néolibéral un jour, quasi keynésien l’autre).
    Or le façon d’aborder la domination de la finance aujourd’hui est essentielle pour une sorte de réhabilitation du « travail » et des inégalités de patrimoine aussi
    Attention il y a marché et marché… il peut être solidaire aussi.

Répondre à servet jean-michel Annuler la réponse