Par Gilbert Rist
1. L’adjectif « populiste » est généralement utilisé pour discréditer un adversaire politique. Il devient alors synonyme de « démagogique » voire de « fasciste ». Il faut sortir de cette acception polémique du terme pour l’analyser1.
2. Il existe plusieurs variantes du populisme qu’il faut distinguer, même si elles se recoupent sur certains aspects :
2.1. Le populisme historique de la fin du XIXe siècle représenté d’abord par le People’s Party états-unien (des fermiers ruinés par les compagnies de chemin de fer dont le slogan était : main street against Wall Street) et les Narodniki russes (Bakounine2, Kropotkine) qui défendaient l’autonomie communale (le mir)3.
2.2. Le populisme qui personnalise le pouvoir du chef (qui peut être élu), lequel détient la vérité (ce qu’il croit vrai même si les faits le contredisent) et qui prétend représenter le peuple : Trump, Bolsonaro, Erdogan, Duterte, etc.). Ce sont souvent des personnages (très) riches élus par des pauvres, et qui conduisent une politique néo-libérale.
2.3. Le populisme ethno-nationaliste (Orban, Modi, Marine Le Pen, Salvini, Pegida ouAufstehen en Allemagne, l’UDC en Suisse) qui réduit « le peuple » aux nationaux (« de souche ») pour s’opposer aux étrangers/immigrés, sur la base d’une rhétorique identitaire. Marine Le Pen ne parle que du « peuple français » qui n’inclut donc pas les allogènes.
2.4. La version latino-américaine du populisme (Perón, Kirchner, Chavez, Morales, les Zapatistes) dont certaines politiques ont réussi à concilier les revendications indigènes avec une visée socialiste et qui fondent leur popularité sur des avancées sociales incontestables.
2.5. Certains populistes européens (nés de mouvements protestataires, qui se sont organisés en partis politiques et qui jouent désormais le jeu parlementaire) : Podemos, 5 Stelle, Syriza.
2.6. Les « anarcho-populistes » (gilets jaunes) qui refusent tout représentant et toute « plateforme politique commune ». Leur objectif consiste à « démocratiser la démocratie » (donner la parole au peuple sans intermédiaire) car « le peuple » ne se reconnaît pas dans ses « représentants » (« tous pourris ») dont l’origine sociale ne reflète pas celle de la majorité des électeurs/trices. La « honte sociale » (ne pas pouvoir envoyer ses enfants en vacances, aller au restaurant, au cinéma) se transforme alors en colère sociale. Aux partis politiques, ils opposent le mouvement et expriment un désir de démocratie directe (RIP : référendum d’initiative partagée ; RIC : référendum d’initiative citoyenne). Le mouvement se nourrit de l’accroissement des inégalités notamment fiscales (tout le monde paie la TVA mais Macron a supprimé l’ISF).
2.7. Si les forces « antisystème » se distinguent par leur commune radicalité, divers sondages montrent que la gauche radicale est plutôt humaniste, tolérante aux autres (immigrés, minorités) tandis que la droite radicale se distingue par un antihumanisme (xénophobie, homophobie).4
3. Le « populisme antisystème » exprime une crise de la démocratie représentative et de la confiance accordée au gouvernement. Or, pour que le système fonctionne correctement, il faut qu’au pouvoir (qui vient d’en haut) corresponde la confiance (qui vient d’en bas). Laquelle n’est jamais acquise. Le « populisme antisystème » préconise (en France particulièrement) de mettre en place (ou d’aménager) les institutions de la démocratie directe. Une brève comparaison entre la Suisse et la France peut expliquer pourquoi l’apparition de gilets jaunes en Suisse est très improbable.
3.1. En Suisse, le dépôt d’une initiative requiert 100’000 signatures, soit 1,84% du corps électoral (composé de 5,43 millions de personnes) et un référendum législatif n’exige que 50’000 signatures (art. 138 et 141 de la Constitution révisée en 1998).
3.2 En France, un RIP – prévu par la Constitution en 2008 et effectif dès 2015 – doit être d’abord introduit par 1/5e des parlementaires (soit 185 député-e-s) et doit réunir ensuite 4,5 millions de signatures (soit 10% du corps électoral).5
3.3. En France toujours, le RIC (proposé par les gilets jaunes avec le soutien de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon) a une longue histoire qui remonte à VGE, Rocard et Mitterrand mais son contenu n’a jamais été clairement défini (proposition ou abrogation de lois, révocation de parlementaires, droit d’initiative législative ?). Il est, dit-on, toujours à l’étude…
Il est clair que la « République une et indivisible » souffre d’un déficit démocratique par rapport à une Confédération de cantons qui, à tous les échelons, autorise l’initiative et le référendum. D’où des révoltes compréhensibles.
4. Reste à savoir qui constitue « le peuple », toujours convoqué comme sujet ou comme entité mais rarement défini.
4.1. Il ne faut pas confondre le peuple et la population. Le peuple est « un sujet politique ». Ainsi, la Suisse compte 8,6 millions d’habitants. Toutefois, le corps électoral ne comporte que 5,43 millions de personnes, soit 63% de la population. Est donc exclue du « peuple politique » 37% de la population qui, pour une bonne partie, constitue le « peuple d’en bas »… et qui n’a donc pas voix au chapitre. Ce qui représente quand même quelque 3,2 millions d’habitant-es…6
4.2. Beaucoup d’entre nous faisons donc partie du « peuple suisse » (si nous avons le droit de vote). Néanmoins, le soir d’un dimanche de votation, lorsque les médias annoncent que « le peuple a tranché », (souvent avec un résultat très serré (autour de 50%) sommes-nous certain-e-s d’appartenir vraiment à ce « peuple » (d’autant plus que l’abstention rend la décision encore plus aléatoire), comme par exemple, le soir du 29 novembre 2020 ?7 Ce qui signifie aussi que « le peuple » n’est jamais homogène.
5. Généralités sur le populisme
5.1. Le populisme (« l’appel au peuple ») hésite constamment entre la forme « mouvement » et la forme « parti ». Le « mouvement » exprime des revendications immédiates (inégalités, emploi, retour des services de proximité – poste, épicerie, hôpital, guichet de banque, services sociaux, etc.) et repose sur l’antagonisme entre « eux » et « nous », alors que la forme « parti » doit à la fois tenter de fédérer des demandes parfois contradictoires qui proviennent de sa « base » et nouer des alliances avec d’autres partis (qui peuvent avoir d’autres priorités – l’écologie, la politique internationale, etc.) pour espérer l’emporter.
5.2. « L’anarcho-populisme » entend se substituer au clivage « gauche /droite » qui s’est progressivement effrité depuis les années 1980 à la suite de la conversion du Parti socialiste à l’économie libérale, ce qui a conduit à « l’alternance unique ».8
5.3. Du point de vue théorique, l’imaginaire économique repose sur une vision hobbesienne de la société : on ne peut faire confiance à personne (homo homini lupus)9. Cette anthropologie pessimiste – caractérisée par l’amoralité – se traduit par l’axiome selon lequel, si chacun poursuit son propre intérêt (« bien compris »), le mécanisme neutre du marché, grâce à la « main invisible » chère à Adam Smith, rétablira l’harmonie sociale10. Comme le notait Tocqueville : on cherche ainsi à « extraire de l’égoïsme individuel le bonheur de tous. »11 Ce qui entraîne une privatisation de la morale (l’égoïsme suffit), considérée désormais comme un archaïsme. Celle-ci ne refait surface parmi la classe dirigeante qu’en période électorale où chaque candidat se doit de célébrer la solidarité, la famille, la responsabilité écologique et le sens civique.
5.4. Néanmoins, on peut aussi penser que subsiste, parmi le « peuple » (que l’on désigne aussi comme les « citoyen-nes ordinaires »), une common decency, composée de valeurs culturelles et morales partagées ainsi que de solidarité collective. Chacun sait en effet « qu’il y a des choses qui ne se font pas » et que « tout n’est pas permis »12. On sait aussi que c’est le sens moral qui motive des juges incorruptibles ou des fonctionnaires intègres.
5.5. Alors que les « magouilles » en tous genres (par exemple la fraude fiscale) se développent en jouant sur la frontière qui sépare ce qui est légal de ce qui est illégal, (quitte à la franchir parfois en toute impunité) la common decency juge les décisions en fonction de ce qui est juste ou injuste.13
5.6. Le socialiste Marcel Mauss définissait ainsi cette « morale ordinaire » : « Une partie considérable de notre morale et de notre vie elle-même stationne toujours dans cette même atmosphère du don, de l’obligation et de la liberté mêlés. Heureusement, tout n’est pas encore classé exclusivement en termes d’achat et de vente. […] Nous n’avons pas qu’une morale de marchands. Il nous reste encore des gens et des classes qui ont encore les mœurs d’autrefois et nous nous y plions presque tous […]. Il faut que le citoyen ait un sens aigu de lui-même mais aussi des autres, de la réalité sociale (y a-t-il même, en ces choses de morale, une autre réalité ?). Il faut qu’il agisse en tenant compte de lui, des sous-groupes, et de la société. Cette morale est éternelle ; elle est commune aux sociétés les plus évoluées, à celles du proche futur, et aux sociétés les moins évoluées que nous puissions imaginer. Nous touchons le roc. Nous ne parlons même plus en termes de droit, nous parlons d’hommes et de groupes d’hommes parce que ce sont eux, c’est la société, ce sont des sentiments d’hommes en esprit, en chair et en os, qui agissent de tout temps et ont agi partout. »14
6. L’anarcho-populisme aujourd’hui
6.1. Il ne s’agit pas de mythifier « l’anarcho-populisme » comme si « le peuple » était un sujet monolithique, nécessairement vertueux et consensuel, ni de penser que tous les révoltés ou les « indignés » ont nécessairement raison contre l’establishment15(ci-dessus, point 4). D’ailleurs, tous ne se révoltent pas et, parmi les révoltés, il y aura toujours des casseurs et des opportunistes. Cela admis, les solidarités horizontales (familiales ou de voisinage) existent aussi et sont particulièrement visibles en temps de crise. Les partisans de l’autonomie (ou de l’autogestion) locale, de l’économie sociale et solidaire ou de la démocratie directe sont toujours plus nombreux, et ne savent peut-être pas qu’ils reprennent des thèmes chers aux fondateurs de l’anarchisme du XIXe siècle qui « ne considéraient pas avoir inventé quoi que ce soit de nouveau [car] les principes de base de l’anarchisme – autogestion, association volontaire, entraide – renvoyaient à des formes de comportement humain qu’ils présumaient être aussi vieilles que l’humanité. »16
6.3 Même si les anthropologues ont montré qu’il existait des sociétés sans État17, l’« anarcho-populisme » d’aujourd’hui ne consiste pas à créer une société dont l’État (ou le gouvernement) aurait été subitement éliminé, comme par enchantement (ou par la violence).18 Il faut donc sortir de l’alternative du « tout ou rien » qui parie sur la nécessité de la révolution (toujours à venir) pour que les choses changent. Car, de toute manière, les choses changent ! Le monde de 2020 n’est pas celui des années 1980, ni même celui des années 2000. Une « société durable » (pour utiliser le slogan à la mode) ne serait qu’une société morte ou fossilisée (nos parents ou, pire, nos grands-parents auraient-ils pu imaginer la fréquence de nos déplacements d’un continent à l’autre ou la nécessité dans laquelle nous sommes d’utiliser quotidiennement l’Internet ?). Cela dit, il n’existe pas de recette pour réaliser les changements de société souhaités par les anarcho-populistes. Si leur objectif immédiat ne consiste pas à faire disparaître l’État, ni à renverser le gouvernement, leur stratégie consiste plutôt à créer des espaces qui échappent à son autorité. Les ZAD en sont un bon exemple… même si c’est finalement l’État qui a reconnu la légitimité de la ZAD de NDDL… Créer des lieux où se tisse le lien social (même à petite échelle et bien souvent à partir d’une volonté de dénoncer et de réparer une injustice), qui instituent leurs propres modes de fonctionnement, privilégient le consensus à la règle de la majorité, pratiquent l’autogestion et qui, en dernière analyse, se rendent autonomes à l’égard des contraintes étatiques19. Se rappeler que chaque changement apparemment mineur participe d’un mouvement plus large dont on ignore qu’il existe et dont on ne mesure pas les effets.
6.4. L’« anarcho-populisme » – entendu dans son acception positive – peut devenir un acteur important de la contestation du système néo-libéral mondialisé aujourd’hui dominant, à la condition qu’il se constitue en mouvement politique (ce qui représente le défi principal20) pour s’opposer à la vision mécaniste et simpliste d’un monde condamné à une croissance infinie (camouflée sous l’oxymore de « développement durable », synonyme masqué du réchauffement climatique) censée résoudre les problèmes d’inégalités, de chômage et de retraites et proposant le bonheur planétaire généralisé – en totale méconnaissance des contraintes écologiques.21
Gilbert Rist / 03.12.2020
1 « Il suffit […] d’assimiler le populisme (au mépris de toute connaissance historique élémentaire) à une variante perverse du fascisme classique pour que […] si l’idée vous vient, par exemple, que le Peuple devrait être consulté sur tel ou tel problème qui engage son destin, ou bien, si vous estimez que les revenus des grands prédateurs du monde des affaires sont indécents, quelque chose doit vous avertir que vous êtes en train de basculer dans le « populisme » le plus trouble et […] que la « Bête immonde » s’approche de vous à grands pas. » Jean-Claude Michéa, L’Empire du moindre mal. Essai sur la civilisation libérale, Paris, Climats, 2007, pp. 85-86.
2 « Je veux l’organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut par la voie de la libre association, et non de haut en bas, par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste ». Mikhaïl Bakounine, État et anarchie, 1873.
3 Proudhon utilisait le terme d’« anarchie positive » ou de « fédéralisme autogestionnaire ». Contre la toute-puissance de l’État, il préconisait une « démocratie politique fédérative » (ou « fédération de communes libres »). Plus près de nous, Murray Bookchin plaide pour un « municipalisme libertaire » ou « communalisme » reposant sur la démocratie directe. Cf. Vincent Gerber et Floréal Romero, Murray Bookchin, Pour une écologie sociale et radicale, Neuwy-en-Champagne, Le Passager clandestin, 2014, pp.32-35.
4 Daniel Cohen dans l’émission « L’esprit public » (France Culture), 29 novembre 2020.
5 A la suite du « Grand Débat », E. Macron avait proposé de réduire le nombre de signatures à un million. On attend toujours…
6 Par comparaison, la France compte 62 millions d’habitants et 44,5 millions d’électeurs/trices, soit 71% de la population.
7 Il faut souligner le caractère autoritaire du vote majoritaire qui impose ses vues à une minorité presque aussi nombreuse que ses adversaires. Il s’agit d’une démo-cratie (littéralement : « la violence – κρατος – du peuple » et non d’une démo-sophie (sagesse– σοφια – du peuple). C’est la raison pour laquelle les mouvements anarchistes préconisent généralement les décisions par consensus (David Graeber, Pour une anthropologie anarchiste, Québec, Lux Éditions, 2018, p.14.). Cela dit, la recherche du consensus propre au parlementarisme helvétique est trop souvent insatisfaisante et décevante : pour n’indisposer personne, on fâche tout le monde.
8 Ce qui a inspiré E.Macron, qui a joué sur l’affaiblissement des antagonismes traditionnels, pour lancer la République en Marche (« et de gauche et de droite »).
9 « C’est donc une chose tout avérée que l’origine des plus grandes et des plus durables sociétés ne vient point d’une réciproque bienveillance que les hommes se portent mais d’une crainte mutuelle qu’ils ont les uns des autres ». Hobbes, De cive, section première, chap. 1.
10 Cette lecture d’Adam Smith est toutefois très réductrice, d’autant plus qu’il n’a utilisé l’expression « main invisible » que trois fois dans toute son œuvre. « De là suit que nous apitoyer beaucoup sur les autres et peu sur nous-mêmes, contenir nos affections égoïstes et donner libre cours à nos affections bienveillantes forme la perfection de la nature humaine. » Théorie des sentiments moraux, Paris, PUF, 1999 [1790], p. 50. (mêmes considérations pp. 316-317, 327, etc.).
11 Alexis de Tocqueville, La Démocratie en Amérique, t. II, 1848, p, 351.
12 Même si l’on ne saurait négliger le risque de récupération de ces valeurs populaires par la droite autoritaire.
13 « Le concept de ‘gens ordinaires’ – common men, ordinary decent people, average men – désigne, chez Orwell, tous ceux […] qui n’aspirent qu’à vivre décemment d’une activité ayant une signification humaine – et qui, par conséquent, ne cherchent habituellement ni à s’enrichir, ni à exercer le pouvoir, ni à vivre au détriment de leurs semblables.[…] Si, par conséquent, un mouvement qui se veut anticapitaliste se révélait incapable (ou, pire, jugeait ‘indigne’ de ses prétentions intellectuelles) d’ajuster sa propagande et ses formes d’action à l’expérience vécue de ces ‘gens ordinaires’ […] il vaudrait mieux renoncer tout de suite à l’idée d’une révolution socialiste. » Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée. La gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès, Paris, Climats, 2011, pp. 66-68.
14 Marcel Mauss, « Essai sur le don », Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1983 [1923-1924], pp. 258, 263-64.
15 Quand Stéphane Hessel lance son mot d’ordre Indignez-vous ! (Montpellier, Indigène éditions, 2011) il se réfère d’abord aux Résistants (et au CNR de Jean Moulin), dont on sait qu’ils étaient loin de représenter tout le « peuple français », que Marine Le Pen apostrophe régulièrement. Dans une chronique (dont j’ai malheureusement perdu la référence) Luc Ferry faisait la leçon à Stéphane Hessel en écrivant : « Ce qui doit nous indigner, si je vous comprends bien, se sont d’abord les effets de la mondialisation – d’où votre soutien fervent à des mouvements tels qu’Attac qui représente aujourd’hui ce que l’extrême gauche altermondialiste a de plus virulent. » Susan George appréciera…
16 David Graeber, Pour une anthropologie anarchiste, op.cit, p.9.
17 Pierre Clastres, La société contre l’État, Paris, Minuit, 1974.
18 L’éphémère Commune de Paris (1871) est un des rares exemples historiques d’une telle tentative (avortée).
19 Ce qui suppose une certaine territorialité ou une certaine proximité des acteurs, loin des pétitions en ligne qui remplacent aujourd’hui le militantisme de terrain.
20 Sans doute est-ce aussi le plus périlleux puisqu’il s’agit de faire alliance avec d’autres pour espérer l’emporter. Mais la transformation du mouvement en parti politique (ci-dessus 5.1) n’est pas la seule voie possible. Le mouvement peut aussi adopter la forme associationniste, à la manière des syndicats ou le mouvement coopératif (qui n’a rien à voir avec les « coopératives » Migros ou Coop…).
21 La « science » économique classique se contente de commenter le « carrousel » (« The satanic mill » disait Polanyi) qui fait circuler la production et la consommation – l’une alimentant l’autre – à partir de trois « ressources » : le capital, le travail et la terre en négligeant le fait qu’il s’agit de « marchandises fictives » (Polanyi encore) qui n’ont pas été créées pour être mises sur le marché. De plus, l’économie classique ignore la distinction entre les ressources biotiques et les ressources minérales. Les premières (les patates ou le blé) se reproduisent selon un rythme annuel (pour autant qu’un agriculteur s’en occupe) alors que les secondes (le pétrole ou les mines de charbon) sont à la merci de leur propriétaire qui peut, à sa guise, accélérer ou restreindre leur mise sur le marché. Il faut donc admettre que l’économie n’est qu’un sous-système de l’écologie et non l’inverse.